Aeneas Sylvius Piccolomini, le pape Pie II

« Le roi Louis n’aurait sans doute pas tiré un grand profit de sa rencontre avec Aeneas Sylvius Piccolomini, qui prit le nom de Pie II en l’honneur du pius Aeneas de Virgile ; cependant, la réunion de deux personnalités aussi complexes et aussi impérieuses n’eût certainement pas manqué d’édifier la postérité.

Avec ses traits marqués et son regard hardi, Aeneas Sylvius, humaniste de formation universitaire, s’éleva dans la société grâce à sa plume et à son éloquence brillantes. En 1458, lorsqu’il monta sur le trône de saint Pierre, il s’était déjà fait connaître dans toute l’Europe comme poète, romancier, historien, polémiste et diplomate. Pie II remplit simultanément les rôles d’habile politicien et de pape célèbre condamné à lutter avec une chrétienté indigne de son pasteur ; il avait une sensibilité si raffinée que, dans le domaine des expériences culturelles, il alla semble-t-il jusqu’à organiser un pique-nique en face des ruines romaines de Tivoli, et à mettre sur pied une expédition archéologique, pour que la postérité en trouve le compte rendu dans les annales pontificales.
Il avait soutenu le roi Ferrante contre la Maison d’Anjou, car, à l’instar de Francesco Sforza, il souhaitait tenir les Français à l’écart de l’Italie. Pour ce qui est des charges, et même des espoirs de charges, il avait continué la politique abusive de ses prédécesseurs afin de se procurer l’argent nécessaire au financement de ses guerres contre les barons qui lui étaient rebelles.
Lorsque enfin, fidèle à sa mission de propagateur de la foi, il avait tenté de rétablir l’ancienne suprématie de la papauté en prenant la tête d’une croisade contre les Turcs, il s’était rendu compte qu’il ne possédait pas l’autorité morale suffisante pour arracher les grands princes d’Occident à leur égoïsme.
Mortellement frappé par la maladie au début de l’été 1464, le merveilleux acteur qu’il était n’en joua pas moins son rôle jusqu’au bout. Il se rendit sur l’Adriatique, dans le port d’Ancône, où l’attendaient des milliers d’humbles croisés, mais où nul prince n’était présent.
Il mourut le 14 août 1464. Les habitants de l’endroit avaient si peu d’enthousiasme pour la croisade qu’ils portèrent dans les rues des brancards chargés de mannequins de paille pour donner d’Ancône l’image d’une ville pestiférée qu’il fallait éviter à tout prix.»

Paul Murray Kendall, Louis XI

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